Grande nouvelle ! Cela faisait des années que l’idée était en gestation, ce fut même l’une des premières questions à l’ordre du jour lors de la fondation de Chrétiens unis pour la terre en mars 2012. Il fallait un outil pour aider les paroisses à se mettre en cohérence écologique. Mais à l’époque, ce n’était « pas mûr ». Aujourd’hui, sonnons les cloches : le label Église verte est né !
Jusque-là que de déception et de gêne pour qui avait la fibre écolo de voir son Église remplir en vrac (souvent sans trier) des gros sacs de déchets (gobelets, bouteilles, papier aluminium) après chaque goûter ou apéro. Aller à reculons à ces « temps conviviaux » en sachant qu’on ne pouvait pas, comme chez soi, manger et boire des produits sains, utiliser des verres qui ne se cassent pas entre vos mains, mais que, à la faveur du moins-disant économique, il faudrait laisser ses principes de respect de la terre, des paysans, de santé à la porte de l’église, avec nos vélos accrochés n’importe où car aucun râtelier n’est prévu pour les accueillir alors que les automobiles ont la part belle. Que dire aussi, pour qui a osé se pencher sur le sujet, des factures astronomiques de chauffage et d’électricité que personne ne s’attachait à maîtriser. Et encore, on évite pudiquement d’évoquer le glyphosate (plus familier sous le nom de Round up) répandu efficacement sur les « mauvaises » herbes qui oseraient pointer quelques brins dans le gravier, les dalles ou entre les marches…
Ces mauvaises herbes (plantain, chélidoine, ruine de Rome…), nous avons pu en découvrir un grand nombre, ainsi que leur beauté et/ou leur utilité, lors de Temps pour la création (1er septembre au 4 octobre) où nous avons exploré, avec des botanistes amoureux, la nature qui s’infiltre aussi dans les quartiers des grandes villes. Quand on fait connaissance, on regarde autrement, on se met à aimer…
Alors voilà, aujourd’hui ce label permet de « faire de tour de la question » au niveau de chaque paroisse, par le biais d’un Eco-diagnostic en ligne. Outil facile d’accès, il ne nécessite pas de compétences particulières, juste un peu de curiosité (pour répondre à 84 questions) et d’intérêt sur la façon dont on fonctionne dans une communauté paroissiale.
Le site recommande des « conditions préalables » : ne pas rester tout seul mais constituer une petite équipe (même 2 ou 3), avoir l’accord du curé ou du conseil presbytéral, mettre en place une première action, même petite, avoir accès aux outils des communications. Rien que du bon sens, mais ce sont là des évidences à ne pas négliger pour une démarche réussie. Croire que la « bonne volonté » suffit est souvent un piège.
Le 16 septembre dernier, lors de la « Journée nationale de lancement », on sentait une Église foisonnante d’initiatives : dix « balades d’écologie concrète » ont permis de découvrir un foyer d’étudiantes avec une rénovation qui lui a fait grimper 4 étiquettes énergétiques, une église qui avait mis en place un espace Laudato Si’, un foyer social qui accueille des Repar’café où l’on ne cède pas à l’obsolescence programmée de l’électroménager, des religieuses qui ont divisé par plus que 2 leurs poubelles en mettant en place un simple compost…et bien d’autres initiatives…
Enfin, trois témoins suisse, anglais et italien ont montré comment des groupes de familles modestes ont changé leur vie en modifiant leurs modes de consommations (‘bilans de justice’), une église anglaise foisonne d’actions écologiques à chaque temps liturgique, un temple suisse a sauvé sa salle de réunion avec une approche astucieuse et rationnelle de l’énergie.
Les deux cents participants à toute la journée (9h30-20h30) venus de toute la France, catholiques, protestants et orthodoxes sont rentrés fourbus – et d’autant plus les CUTiens qui ont tenu la buvette- mais nous ne sommes pas près de l’oublier…
Maintenant, le chantier des Églises vertes ne fait que commencer !