Un Noël décroissant de mon enfance : témoignage de Priscille

Nous étions une grande famille nombreuse (plus de 50 cousins cousines) et notre grand-mère avait le don de fêter Noël, avec peu de frais, de façon pourtant magique.

Ce Noël merveilleux avait commencé pour moi au début des vacances scolaires avec la confection de la crèche.  Je m’y attelais souvent avec ma grand-mère ayant l’impression un peu d’être l’élue de son cœur car choisie plutôt que mon frère et ma sœur plus âgés pour cette tâche merveilleuse. Je la réitérais plus tard avec mes neveux inventant des crèches différentes chaque année.

Je me souviens petite d’avoir fait la queue dans l’escalier avec mes cousins, cousines avec un petit panier qui servait à vendre les fruits l’été, paniers distribués par notre grand-mère. Nous attendions tous excités que la porte de la salle à manger s’ouvre sur la magie de Noël !

Quand tout était prêt, ma grand-mère avec nos parents ouvrait la porte et, ô magie, au milieu des chants de Noël sortant de la platine-disques, notre vue était comblée par la vision illuminée d’un petit sapin trônant sur la table de la salle à manger. Ce sapin était à lui seul magique – magique car avec le bruit des bâtons pétillants accrochés aux branches et allumés avec un briquet une minute avant l’ouverture de la pièce. Et sur la table autant de petits cadeaux bricoles avec le prénom de chaque enfant, bricoles reçues par mon grand-père qu’il pouvait gagner alors par cent concours commerciaux auxquels il répondait méthodiquement. Pour les aînés, il y avait de la « framboisette », boisson faite avec les fruits du jardin de l’été précédent et offerte dans ce qui étaient auparavant des bouteilles de ketchup.

Ce Noël merveilleux qui avait commencé en décembre avec la confection de la crèche était simple – il faut le souligner, non par manque d’argent –, mais mon grand-père préférait le garder pour mieux nous recevoir en week-end ou vacances mais ne pas le jeter par la fenêtre selon lui pour Noël ! Et notre grand-mère pour qui ne pas fêter Noël avec ses petits-enfants aurait été un crime, s’était débrouillée donc avec le peu de moyens financiers qu’il lui laissait pour quand même le célébrer et c’était une belle fête même si les aînés râlaient espérant mieux que de la « framboisette » comme cadeau de leurs grands-parents.