Tribune dans « La Vie hebdo » dénonçant l’expression d’une « phobie écologique » durant les conférences de carême de Notre-Dame de Paris.

Vous trouverez ici le texte et les signataires de la tribune ici : « Après Amis, les écologistes doivent-ils subir le sobriquet de cathares ».

Initialement ce texte se voulait uniquement une alerte et l’expression de quelques personnes, sollicitées par CUT.

Or cette conférence avait été écoutée et avait choqué beaucoup plus largement que nous l’imaginions, c’est pourquoi, suite à diverses demandes, nous publions ici le texte et l’ouvrons à signature. Notre volonté est d’être avant tout CONSTRUCTIFS, c’est pourquoi plusieurs courriers ont déjà été adressés au diocèse.

Phobie écologique à Notre-Dame de Paris ?Nous sommes tous des cathares !

Cette année, à l’écoute (radiodiffusée) des conférences de Carême de Notre-Dame de Paris, quelle n’a pas été notre surprise, en pleine année Laudato Si’ proclamée par le pape François, d’entendre le prédicateur, le père Guillaume de Menthière enfourcher un ton pourfendeur à l’encontre de…« l’écologisme ». « La propagande du discours écologique », véhiculée « par des adolescentes nordiques », fut durement dénoncée, ainsi que la « propagande verte » qui, telle « une peste », « dégénère …en une idéologie terrifiante, profondément antihumaniste », jusqu’à être comparée « à l’exécrable hérésie des cathares » et qui ne serait autre que le « fer de lance » de la « culture de la mort », etc. Comment peut-on entendre aujourd’hui, de la part d’éminents représentants de l’Eglise catholique une parole aussi caricaturale et réductrice sur un sujet aussi grave que l’écologie ? Non seulement le père de Menthière parodie la question écologique, mais, ce qui est plus dommageable encore, sa posture péremptoire affiche une hostilité contraire à l’esprit de dialogue qui revient pourtant 74 fois dans Laudato Si’.

Entendre cette prédication et ce que le magistère de la même Église enseigne par la voix du pape François et de ses prédécesseurs plonge l’esprit dans une forme de douloureuse dissonance cognitive qui désoriente. 

Depuis Paul VI qui alertait en 1970 sur les conséquences des « retombées de la civilisation industrielle » pouvant « conduire à une véritable catastrophe écologique », Jean-Paul II, inventeur du terme « conversion écologique », qui déclara François d’Assise patron des écologistes (1979) et Benoît XVI qui dénonça « les modèles de croissance…incapables de garantir le respect de l’environnement » (2007), jamais la  problématique écologique au sein de l’Eglise catholique n’a alimenté ce type de communication.

La publication de l’encyclique Laudato Si’ (2015) a conforté et amplifié cet enseignement magistériel. S’adressant à tous, le texte du pape François a impulsé un nouvel élan dans la prise de conscience de la crise socio-écologique planétaire au sein de la chrétienté et bien au-delà, parce que « le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous » (LS 13). 

  Aujourd’hui la population est de plus en plus consciente de ce défi. Les jeunes, nombreux, manifestent leur inquiétude sur le devenir de la planète. Les marches pour le climat reprennent avec des cortèges de croyants. Le pape François a remercié et encouragé Greta Thunberg, a rencontré Naomi Klein, Nicolas Hulot, Pablo Servigne et Cyril Dion. En France, la Conférence des évêques de France, sous l’impulsion de Mgr De Moulins Beaufort, a initié, depuis novembre 2019, un processus de transition écologique et des centaines de communautés paroissiales entrent dans une démarche œcuménique « Église verte ». La majorité des diocèses se dotent de référents à l’écologie. Et à Paris, alors que l’archevêque Mgr Aupetit a sollicité et écouté, en janvier, 12 propositions pour une dynamique Laudato Si’ sur son diocèse et ouvre un Chaire Laudato Si’ aux Bernardins, comment peut-il en même temps accueillir une telle prédication ? Le mouvement écologique est souvent la cible d’attaques virulentes. Les représentants d’Église doivent-ils y prendre part ? Après “les Amish”, doit-on subir le sobriquet de “cathares” ? L’heure n’est plus à l’invective. Le temps presse. Par-delà les maladresses de communication et autres singularités critiquables de ceux qui se réclament de « l’écologie » – il en va de tout mouvement -, l’urgence d’une conversion de vie dans l’esprit d’une “écologie intégrale” n’est plus à démontrer. Celle-ci n’est autre que la prise en compte globale de tous les aspects du Vivant et du vivre-ensemble sociétal afin de réorienter la civilisation humaine vers « le souci de notre Maison commune ». Il s’agit bien de « sauvegarder » l’habitabilité humaine de « sœur notre mère la Terre » (François d’Assise) et à cette fin, de s’engager « dans une courageuse révolution culturelle » (LS 114). C’est ainsi que l’écologie peut être un révélateur des valeurs évangéliques. De fait, la conversion à laquelle l’humanité du XXIe siècle est inéluctablement appelée sera écologique ou ne sera pas. Puisse tous les chrétiens, à commencer par ceux qui sont en responsabilités hiérarchiques et pastorales, donner l’exemple de l’écoute et du dialogue en étant réceptifs aux paroles du pape François pour les 50 ans du Jour de la Terre : « J’apprécie sincèrement ces initiatives, et il sera encore nécessaire que nos enfants descendent dans la rue pour nous enseigner ce qui est évident, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’avenir pour nous si nous détruisons l’environnement qui nous soutient. » 

SIGNATAIRES:

  • François Euvé, prêtre jésuite, rédacteur de la revue Études
  • Monique Beaujard, doctorante en théologie
  • Guy Aurenche, avocat honoraire, ancien près. de l’ACAT et du CCFD-Terre Solidaire
  • Anne Soupa, présidente des baptisé-e-s du Grand Paris
  • Bernard Perret, ingénieur et socio-économiste, auteur
  • Laura Morosini, présidente de Chrétiens Unis pour la Terre
  • Benoît Ostertag, président de La Vie Nouvelle, Personnalistes et Citoyens
  • Patrice Obert, président des Poissons roses
  • Jacques Musset, écrivain, auteur de livres sur l’aventure spirituelle et chrétienne
  • Guy Rougerie, prêtre du Prado
  • Pierre Larrouturou, député européen
  • Priscille de Poncins, secrétaire du bureau de Chrétiens Unis pour la Terre
  • Jean-Pierre Raffin, Co-fondateur (1970) avec F. Ramade,  de l’enseignement de l’Ecologie de l’Université Paris 7.
  • Jean-Luc Souveton, prêtre, co-initiateur des Assises chrétiennes de l’écologie
  • Jean-Claude Noyé, journaliste, auteur et co-initiateur des Assises chrétiennes de l’écologie
  • Jacques Debouverie, diacre à St Merry, coordinateur des Ateliers de la Verrerie
  • Michel Maxime Egger, écothéologien, Aubonne (Suisse)
  • Christine Kristof, éco-journaliste, co-fondatrice d’Anima Terra et de Chrétiens Unis pour la Terre
  • Bertrand Bucalossi-Rolin, podcast d’écothéologie Ecologos
  • William Clapier, auteur, théologien, Chrétiens Unis pour la Terre et Citoyens pour le Climat.Nîmes
  • Michel Danais, Ingénieur écologue honoraire, Docteur en écologie, Rennes
  • Gilbert Landais, animateur du groupe Chrétiens Unis pour la Terre de Rennes
  • Timothée de Rauglaudre, journaliste, auteur
  • Patrice Sauvage, aumônier spirituel de la Maison de Tobie
  • William Shankland, Maison de Tobie
  • Emmanuelle Tran, Nîmes, médecin
  • Christophe Orliac, Nîmes, membre du CCFD-Terre solidaire
  • Denis Ode, Bagnols-sur-Cèze, diacre
  • Anne Ode, Bagnols-sur-Cèze
  • Christian Court, Grezieu-la-Varenne, président de l’association St Genis pour tous
  • Gilles Fol, Craponne, animateur liturgique
  • Bernard Tardy,  St Genis les Ollières, paroissien retraité engagé dans l’aide auprès des réfugiés.
  • Jean-Luc Gebelin, Barjac, curé de l’ensemble Paroissial Cèze-Ardèche 
  • Emmanuel Peigné, Nîmes, professeur de guitare.
  • Elisabeth Flichy, membre de Chrétiens Unis pour la Terre et de Paroisse verte Ménilmontant
  • Hugues Flichy, membre d’Alternatiba Evreux
  • Laurence Euverte, membre de La Vie Nouvelle
  • Denis Delmas, Nîmes, professionnel en études et conseils en énergie, engagé en église et en association promouvant les déplacements doux.
  • Sylvie Berthiot, Nîmes, fonctionnaire d’État, engagée en politique locale, en église et en association promouvant les déplacements doux.
  • Jean-Noël Gigon, Craponne, CCBF, 
  • Marie-Thérèse Gigon, Craponne, Secours Catholique
  • Anne René-Bazin, Paris, CCBF
  • Louis Duret, curé de la paroisse des Hauts de Chambéry
  • Philippe Vachette, économiste, développeur d’entreprises, référent à l’écologie, diocèse de Savoie
  • Jean Philippe Brachet, Paris, Maison de Tobie
  • Monique Durand-Wood, Paris, Maison de Tobie
  • Jean François Tardy, Limonest  retraité
  • Vianney Danet, Châlon-en-Champagne, CCBF, prés d’une association d’insertion par l’activité économique. 
  • Jean Pierre Rougeot, Besançon, Pax Christi et Service écologique diocésain
  • Mireille Colet, Francheville, CCB-Lyon
  • André Harreau ex-cadre commercial, Pax Christi, Gpe écologie paroisse Saint-Pothin, Lyon
  • Edmond Courbaud, Nîmes, CCFD-Terre Solidaire
  • Loïc Lainé, diacre du diocèse de Nantes, Ecologie Paroles de Chrétiens-Pax Christi
  • Arnaud du Crest, Ingénieur agronome, auteur de Décarboner l’économie, Nantes
  • Philippe Blaise, Gpe Paroles de chrétiens sur l’Ecologie Diocèse de Nantes
  • Jean-Noël Hallet  Gpe Paroles de chrétiens sur l’Ecologie Diocèse de Nantes
  • Marie-Martine Hallet, Gpe Paroles de Chrétiens sur l’Ecologie, Diocèse de Nantes
  • Jean-Louis Petermann, Loire-Atlantique,
  • Elisabeth et Bernard Philippe, groupes CCFD et Vie Nouvelle de Rennes
  • Jean-Yves Leborgne, curé, accompagnateur spirituel du groupe « Chrétiens Unis pour la Terre » pour le diocèse de Rennes
  • Lucienne Gouguenheim, membre de NSAE et des Réseaux du Parvis
  • Olivier Tempereau, Groupe Paroles de Chrétiens sur l’Ecologie, Diocèse de Nantes
  • Yves Dréan, membre de « Chrétiens et Libres en Morbihan » (CELEM)
  • Anne-Marie Hermet, militante associative
  • Paul Hermet, militant associatif
  • Dominique Lerch, Groupe Evangile et Société
  • Jean-François Tronchon, Aumônier de prison
  • Michel Hamon, Assoc. Chrétiens sans Frontières Orne, militant EELV
  • Colette Gluck, Alternatiba, Bouillons terres d’avenir, Réseaux du parvis
  • Michel Gigand, militant syndical et militant chrétien
  • Marie-Thérèse Colin, militant syndical et militant chrétien
  • Annie Grazon, Retraitée, membre NSAE
  • Jean-Marie Kohler, anthropologue
  • Danielle et Jean-François Rolin, membres de l’association culturelle de Boquen
  • Jean-Louis Didelot, prêtre-ouvrier, engagé auprès des migrants et demandeurs d’asile
  • Sr Hélène Versavel, Soeur de St François d’Assise,
  • Danielle Gagneur, Goussainville, CCB.Lyon
  • Marie Fouilland, Nîmes, psychothérapeute
  • Yves Saoût, prêtre retraité, bibliste
  • Jean-Pierre Delhomme, hydrogéologue retraité
  • Jean-Baptiste Rougny, prêtre, diocèse de Gap et d’Embrun
  • Didier Vanhoutte, président fondateur du CEDEC
  • Paulo Barbosa da Silva, directeur de la maison Saint Michel à Issenheim
  • Francis Martin, référent écologie de Nancy
  • Jean-Claude Brunetti, prêtre du diocèse de Chambéry
  • Joëlle Vatain, professeure retraitée, Montjay, Hautes Alpes
  • Michel Vatain, professeur retraité, Montjay, Hautes Alpes
  • Yves Le Thérisien, Brest, formateur
  • Pierre Pech, prof. d’université, prof. émérite, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
  • François et Martine Schwaab, Barjac, universitaire, engagés dans l’écologie
  • Jean-Louis Loirat, Evry-Courcouronnes (Essonne), ancien cadre du ministère de la santé, président d’association humanitaire
  • Hélène Loirat, Evry-Courcouronnes, trésorière CCBF, déléguée diocésaine à la pastorale des familles
  • Marie-Laure Barlier, membre du mouvement Jonas Vosges
  • Céline Chaix, membre  de Chrétiens  dans  le Monde  Rural 05, Action  Catholique  des Enfants  et  CCFD-Terre solidaire

Si vous souhaitez également soutenir ce texte, vous pouvez signer ici. Nous nous permettrons de vous solliciter en cas de nouvelle atteinte et nous serons heureux de partager les avancées de l’écologie dans l’Eglise.

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